Archive for septembre, 2010
- Rubios, pulidos senos de Amaranta,
por una lengua de lebrel limados.
Pórticos de limones, desviados
por el canal que asciende a tu garganta.
- Rojo, un puente de rizos se adelanta
e incendia tus marfiles ondulados.
Muerde, heridor, tus dientes desangrados,
y corvo, en vilo, al viento te levanta.
- La soledad, dormida en la espesura,
calza su pie de céfiro y desciende
del olmo alto al mar de la llanura.
- Su cuerpo en sombra, oscuro, se le enciende,
y gladiadora, como un ascua impura,
entre Amaranta y su amador se tiende.
Rafael Alberti
Le feu aux poudres Fragonard
"Sans alibi mythologique et sans fausse pudeur, il dénude les seins, soulève les chemises. Aux détails surabondants et égrillards, aux contenus excessivement narratifs des estampes populaires ou des gouaches de maîtres renommés, Fragonard préfère l’essentiel: l’abandon d’un corps nu, la sensualité d’une étreinte à laquelle la jeunesse des modèles confère spontanéité et fraîcheur…le style très peu apprêté, fluide, presque allusif, de Fragonard, ainsi que la douceur de ses coloris font de toiles telles que le Baiser ou l’instant désiré de purs moments de poésie""
Les débuts du modèle de Fragonard 1769
Les débuts du modèle, où la scène classiquement chargée d’érotisme du peintre et son modèle est aimablement détournée : ici la mère vante les charmes de sa fille, modèle débutante. Elle lui dénude les seins, d’une blancheur immaculée; le peintre, voulant mieux s’informer, soulève le jupon avec une longue baguette, bien évidemment symbolique. Touchée ! La jeune fille, faussement effarouchée, fait mine de résister et détourne la tête. Il suffit de suivre le regard de la mère (ou serait-ce une entremetteuse ?), dirigé sans vergogne vers le renflement du pantalon rose du peintre, pour saisir toute l’ambiguïté charmeuse de la scène. D’un tiroir entrouvert pend un mouchoir; et que peuvent bien être les trois trous carrés dans le pied du chevalet ? Je ne suis pas certain d’y percevoir la part sombre de Fragonard, mais c’est aimablement réjouissant.
Le feu aux poudres
Les Lavandières
3. Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)
L’Enjeu perdu ou Le Baiser gagné
L’enjeu perdu, connu également sous le nom du baiser volé ou du baiser gagné, montre une heune homme aux joues bien rouges qui, dans son empressement à embrasser sa voisine, et à recevoir le prix de l’enjeu, perd son chapeau. Celle-ci se débat ou plutot fait mine de se débattre et de se refuser mais en est empêchée par sa compagne qui lui maintient fermement les mains sur la table.
Fragonard, Le Baiser volé, 1756-1761
Metropolitan Museum of Art
Le baiser volé, huile sur toile, aprés 1870, 45,1cm x 54,8cm, Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage
Le Grand prêtre Corésus se sacrifie pour sauver Callirhoé, 1765, huile sur toile, 3m09 x 4m, XVIIIème, Musée du Louvre, Paris
Il s’agit du plus grand tableau de Fragonnard. L’histoire peu connue, tirée de l’Itinéraire de la grèce de Pausanias, se passe à Calydon, ville dédiée à Bacchus. Le grand prètre du temple, blessé par l’indifférence de la belle Callirhoé, demande vengeance à Bacchus, qui rend ivre tous les Calydoniens. Pour apaiser la colère du Dieu, le sort a désigné une victime propriatoire en la personne de Callirhoé. Mais Corésus, plutot que de sacrifier la jeune fille, préfère se poignarder. Ce tableau, présenté pour sa réception devant le jury de l’Académie, lui valut l’approbation de la critique, et notamment de Diderot pour qui Fragonnard a acquis" toute la magie, toute l’intelligence et toute la machine pittoresque. La partie idéale est sublime dans cet artiste à qui il ne manque qu’une couleur plus vraie et une perfection technique que le temps et l’expérience peuvent lui donner …C’est en effet une belle chose, et je ne crois pas qu’il y ait un peintre en Europe capable d’en imaginer autant"
Ce tableau tranche dans la production du peintre par sa mise en scène dramatique. Les deux colonnes qui structurent la composition, en soulignent le coté théatral. Fragonnard témoigne d’une grande habileté à peindre l’expression des passions: sur les visages, on peut lire l’effroi, la surprise, le stupeur, la consternation
Les Baigneuses, huile sur toile, 64 cm x 80 cm, 1765, Musée du Louvre, Paris