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L’origine du monde

Léda s’accouplant avec Jupiter transformé en cygne. Ce thème a permis à de nombreux artistes à toutes les époques, de la lointaine antiquité jusqu’à la peinture contemporaine, de représenter l’acte sexuel dans les positions les plus variées , voire les plus osées, sans trop risquer la censure au nom du symbolisme: dans la position du missionnaire (cette sculpture de Cornelis Bos), debout (une main entre les cuisses…tandis que le cygne presse son bec sur les lèvres de Leda, comme dans cette copie romaine du 2ème siècje après J C), debout encore (le long, très long cou du cygne remontant du pubis de Leda jusqu’à ses seins) ou encore dans la position de la levrette (comme dans ce tableau de Gustave Klimmt)

Le nu d’Edouard Weston

« Oui, M. Peisse, il faut encanailler l’art. Il y a trop longtemps que vous faites de l’art bon genre à la pommade. Il y a trop longtemps que les peintres, mes contemporains, font de l’art à l’idée et d’après des cartons. »
Gustave Courbet – lettre du 29 novembre 1849 (à Louis Peisse, critique du Salon).

« Le lit et tous les secrets qu’il a de la femme, la chemise et ses indiscrétions, les effarements du réveil, les culbutes des courtes-pointes, la surprise qui renverse les têtes, les cache derrière le charmant mouvement du bras levé, les peurs qui courent à demi nues, ce premier sursaut de si jolie impudeur mettant sur pied une chambrée de femmes, le vent qui joue, le linge qui fuit, un visage qui se voile, un dos qui se montre tout du long, – comme Fragonard touche cela!  »

Edmond et Jules de Goncourt, L’Art du XVIIIe siècle, Charpentier, 1881-1882, tome 3

« Les filles de Lesbos dorment entrelacées,

Comme deux jeunes fleurs sur un même rameau ;

Elles dorment ! Leur sein éblouissant et beau,

Se gonfle au souvenir de leurs folles pensées.

D’un mutuel amour leurs lèvres caressées

Semblent prêtes encor pour un baiser nouveau ;

Et demain dans ce lit, voluptueux tombeau,

Le plaisir rouvrira leurs corolles lassées.

Leur corps n’est entouré d’aucun voile jaloux ;

J’écoute soupirer leur souffle, et je me penche

Pour mieux voir les contours de leur nudité blanche. […]  »

Henri Cantel – Les tribades (1859)

« (…) Elle était donc couchée et se laissait aimer,

Et du haut du divan elle souriait d’aise

A mon amour profond et doux comme la mer,

Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

(…)

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,

Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,

Passait devant mes yeux clairvoyants et sereins (…)  »

Charles Baudelaire, Les Bijoux – Les fleurs du mal – 1857

Tristesses de la lune

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d’une main distraite et légère caresse
Avant de s’endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l’azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d’opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

Charles Baudelaire