Category: Poésie


« (…) Elle était donc couchée et se laissait aimer,

Et du haut du divan elle souriait d’aise

A mon amour profond et doux comme la mer,

Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

(…)

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,

Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,

Passait devant mes yeux clairvoyants et sereins (…)  »

Charles Baudelaire, Les Bijoux – Les fleurs du mal – 1857

Tristesses de la lune

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d’une main distraite et légère caresse
Avant de s’endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l’azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d’opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

Charles Baudelaire

Tu n'es pas la plus amoureuse
De celles qui m'ont pris ma chair ;
Tu n'es pas la plus savoureuse
De mes femmes de l'autre hiver.

Mais je t'adore tout de même !
D'ailleurs ton corps doux et bénin
A tout, dans son calme suprême,
De si grassement féminin,

De si voluptueux sans phrase,
Depuis les pieds longtemps baisés
Jusqu'à ces yeux clairs pur d'extase,
Mais que bien et mieux apaisés !

Depuis les jambes et les cuisses
Jeunettes sous la jeune peau,
A travers ton odeur d'éclisses
Et d'écrevisses fraîches, beau,

Mignon, discret, doux, petit Chose
A peine ombré d'un or fluet,
T'ouvrant en une apothéose
A mon désir rauque et muet,

Jusqu'aux jolis tétins d'infante,
De miss à peine en puberté,
Jusqu'à ta gorge triomphante
Dans sa gracile venusté,

Jusqu'à ces épaules luisantes,
Jusqu'à la bouche, jusqu'au front
Naïfs aux mines innocentes
Qu'au fond les faits démentiront,

Jusqu'aux cheveux courts bouclés comme
Les cheveux d'un joli garçon,
Mais dont le flot nous charme, en somme,
Parmi leur apprêt sans façon,

En passant par la lente échine
Dodue à plaisir, jusques au
Cul somptueux, blancheur divine,
Rondeurs dignes de ton ciseau,

Mol Caqnova ! jusques aux cuisses
Qu'il sied de saluer encor,
Jusqu'aux mollets, fermes délices,
Jusqu'aux talons de rose et d'or !

Nos nœuds furent incoërcibles ?
Non, mais eurent leur attrait leur.
Nos feux se trouvèrent terribles ?
Non, mais donnèrent leur chaleur.

Quant au Point, Froide ? Non pas, Fraîche.
Je dis que notre "sérieux"
Fut surtout, et je m'en pourlèche,
Une masturbation mieux,

Bien qu'aussi bien les prévenances
Sussent te préparer sans plus,
Comme l'on dit, d'inconvenances,
Pensionnaire qui me plus.

Et je te garde entre mes femmes
Du regret non sans quelque espoir
De quand peut-être nous aîmames
Et de sans doute nous ravoir.
	A celle que l'on dit froide
		Verlaine
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Croise tes cuisses sur ma tête 
De façon à ce que ma langue, 
Taisant toute sotte harangue, 
Ne puisse plus que faire fête 
À ton con ainsi qu'à ton cu 
Dont je suis là jamais vaincu 
Comme de tout ton corps, du reste, 
Et de ton âme mal céleste 
Et de ton esprit carnassier 
Qui dévore en moi l'idéal 
Et m'a fait le plus putassier 
Du plus pur, du plus lilial 
Que j'étais avant ta rencontre 
Depuis des ans et puis des ans. 
Là, dispose-toi bien et montre 
Par quelques gestes complaisants 
Qu'au fond t'aimes ton vieux bonhomme 
Ou du moins le souffre faisant. 
Minette (avec boule de gomme) 
Et feuille de rose, tout comme 
Un plus jeune mieux séduisant 
Sans doute mais moins bath en somme 
Quant à la science et au faire. 
0 ton con! qu'il sent bon! J'y fouille 
Tant de la gueule que du blaire 
Et j'y fais le diable et j'y flaire 
Et j'y farfouille et j'y bafouille 
Et j'y renifle et oh! j'y bave 
Dans ton con à l'odeur cochonne 
Que surplombe une motte flave 
Et qu 'un duvet roux environne 
Qui mène au trou miraculeux 
Où je farfouille, où je bafouille 
Où je renifle et où je bave 
Avec le soin méticuleux 
Et l'âpre ferveur d'un esclave 
Affranchi de tout préjugé. 
La raie adorable que j'ai 
Léchée amoroso depuis 
Les reins en passant par le puits 
Où je m'attarde en un long stage 
Pour les dévotions d'usage 
Me conduit tout droit à la fente 
Triomphante de mon infante. 
Là, je dis un salamalec 
Absolument ésotérique 
Au clitoris rien moins que sec, 
Si bien que ma tête d'en bas 
Qu'exaspèrent tous ces ébats 
S'épanche en blanche rhétorique, 
Mais s'apaise dès ces prémisses. 
Et je m'endors entre tes cuisses 
Qu'à travers tout cet émoi tendre 
La fatigue t'a fait détendre.
	Régals
		Verlaine
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Je veux m'abstraire vers vos cuisses et vos fesses,
Putains, du seul vrai Dieu seules prêtresses vraies,
Beautés mûres ou non, novices et professes,
Ô ne vivre plus qu'en vos fentes et vos raies !

Vos pieds sont merveilleux, qui ne sont qu'à l'amant,
Ne reviennent qu'avec l'amant, n'ont de répit
Qu'au lit pendant l'amour, puis flattent gentiment
Ceux de l'amant qui las et soufflant se tapit.

Pressés, fleurés, baisés, léchés depuis les plantes
Jusq'aux orteils sucés les uns après les autres,
Jusqu'aux chevilles, jusqu'aux lacs des veines lentes,
Pieds plus beaux que des pieds de héros et d'apôtres !

J'aime fort votre bouche et ses jeux gracieux,
Ceux de la langue et des lèvres et ceux des dents
Mordillant notre langue et parfois même mieux,
Truc presque aussi gentil que de mettre dedans ;

Et vos seins, double mont d'orgueil et de luxure
Entre quels mon orgueil viril parfois se guinde
Pour s'y gonfler à l'aise et s'y frotter la hure :
Tel un sanglier ès vaux du Parnasse et du Pinde.

Vos bras, j'adore aussi vos bras si beaux, si blancs,
Tendres et durs, dodus, nerveux quand faut et beaux
Et blancs comme vos culs et presque aussi troublants,
Chauds dans l'amour, après frais comme des tombeaux.

Et les mains au bout de ces bras, que je les gobe !
La caresse et la paresse les ont bénies,
Rameneuses du gland transi qui se dérobe,
Branleuses aux sollicitudes infinies !

Mais quoi ? Tout ce n'est rien, Putains, aux pris de vos
Culs et cons dont la vue et le goût et l'odeur
Et le toucher font des élus de vos dévots,
Tabernacles et Saints des Saints de l'impudeur.

C'est pourquoi, mes soeurs, vers vos cuisses et vos fesses
Je veux m'abstraire tout, seules compagnes vraies,
Beautés mûres ou non, novices ou professes,
Et ne vivre plus qu'en vos fentes et vos raies.
	Ouverture
		Verlaine
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Chute des reins, chute du rêve enfantin d'être sage,
Fesses, trône adoré de l'impudeur, 
Fesses, dont la blancheur divinise encor la rondeur,
Triomphe de la chair mieux que celui par le visage !
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Seins, double mont d'azur et de lait aux deux cîmes brunes,
Commandant quel vallon, quel bois sacré!
Seins, dont les bouts charmants sont un fruit vivant, savouré
Par la langue et la bouche ivres de ces bonnes fortunes !
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Fesses, et leur ravin mignard d'ombre rose un peu sombre
Où rôde le désir devenu fou,
Chers oreillers, coussin au pli profond pour la face ou
Le sexe, et frais repos des mains après ces tours sans nombres !
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Seins, fins régals aussi des mains qu'ils gorgent de délices,
Seins lourds, puissants, un brin fiers et moqueurs,
Dandinés, balancés, et, se sentant forts et vainqueurs,
Vers nos prosternements comme regardant en coulisse !

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Fesses, les grandes sœurs des seins vraiment, mais plus nature, 
Plus bonhomme, sourieuses aussi,
Mais sans malices trop et qui s'abstiennent du souci
De dominer, étant belles pour toute dictature!

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Mais quoi ? Vous quatre, bons tyrans, despotes doux et justes,
Vous impériales et vous princiers,
Qui courbez le vulgaire et sacrez vos initiés,
Gloire et louange à vous, Seins très saints, Fesses très augustes !
	Partie Carrée 
		Verlaine
 
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Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

 
      A Cassandre
 
        Pierre Ronsard
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